et la mer pour demeure

Louisette et ses compagnes prennent leurs quartiers à l’hôtel Ariana tanière loqueteuse construite au bord de la Papeava qui déroule au travers de la ville ses eaux croupies infestées par des squelettes de métal dans des remugles faisandés plusieurs nuits par semaine elle se pare de ses vêtements les plus éloquents pour allécher la lubricité des clients qu’elle attend avec les autres dans un bar suintant la flétrissure des femmes qui se prostituent Louisette se prostitue parce qu’il faut bien qu’elle assure sa survie et celle de son compagnon piètre voleur que la police attrape régulièrement et que les juges expédient aussi régulièrement à l’ombre de Nu’utania, prison républicaine aux cellules insalubres et surpeuplées.

Dans ce nouveau recueil, Chantal T. Spitz nous livre huit courtes nouvelles ancrées en Polynésie. Des textes forts qui coulent à la manière d’un slam. Une prose sans ponctuation, empreinte d’oralité et de poésie dans laquelle l’autrice s’accapare cette langue jusqu’à la tordre.