William Leblanc n’a pas le génie de Melville ou l’élégance du style de Radiguet, mais aucun d’eux ne relate une aventure aussi passionnante que la sienne. Dans ce récit, notre Normand se présente comme un homme empli de modestie : « Aucune illusion ne m’ôte le sentiment de mon insuffisance », dit-il. Mais Leblanc a des choses à dire. Il a participé aux combats de Nuku Hiva et Tahuata, sillonné tous les sentiers de Nuku Hiva, vécu dans l’intimité des habitants, assisté à certaines pratiques rituelles comme la circoncision, jamais décrites avant lui, assure-t-il, assisté aux suites de l’affaire Pritchard à Tahiti, et désire donner son libre point de vue sur tout. Cependant, ces digressions historiographiques ne sont répandues là que pour mieux conter le destin inouï de son ami d’enfance Adolphe Bénard devenu Manou Tavayé (l’Oiseau blanc).