Les Graines bijoux de Tahiti et de ses îles
11 octobre 2016Pito Mā 11. Radio cocotier
22 novembre 2016Pina
2 250 XPF
Cadette de neuf enfants, Pina, du haut de ses neuf ans, dépeint le quotidien d’une famille de Tenaho, lotissement proche de Pape’ete. Peu à peu, à l’image de leur vallée et de leur pays, leurs destins entrecroisés se fissurent, finissant par s’effondrer et ils assistent, impuissants, à leur propre déchéance. Aux antipodes du politiquement correct, ce roman crie la rage trempée dans la sueur, le sang, le sperme… et les larmes. Pas de réveil des consciences. Pas de jugement. La vie. Avec ce qu’elle a de laid. Avec ce qu’elle sait, aussi, de la beauté et d’une rédemption possible….
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Livre « coup de poing » qui dit les misères contemporaines à Tahiti, où Pina brosse le portrait d’une Polynésie déchirée où deux mondes parallèles se côtoient sans se voir. Tahiti, île des différences qui séparent.
K.-O. 2e round. Avec Mūtismes finalement, Titaua Peu ne faisait qu’entrouvrir la porte pour dénoncer les silences. Avec Pina, elle la défonce, la fait claquer, rebondir, résonner avec rage voire colère haineuse et crûment arrache les voiles devant toutes les violences : familiales, sociales, politiques, coloniales. Et elle nous laisse tous K.O. si tant est qu’on « tienne le combat » jusqu’au bout.
Pour ce faire – en Almodovar de la littérature polynésienne -, l’auteure a choisi une famille qui cumule toutes les misères de cette Terre : un couple, Auguste et « Ma » et une famille nombreuse dont trois « absents » parce qu’adoptés il y a longtemps. Pour ceux qui restent, Auguste junior, Hannah, Pauro, Rosa, Pina et Moïra, c’est un destin de « survivant » qui les attend. Survivre aux violences sous toutes ses formes : morales, affectives, sexuelles, sociales, survivre aux abandons, absences, silences, incestes, peurs, dépréciations, exploitations, clichés, désamours, manques, folies…
Pour survivre, les amours vraies et les amitiés, celles de la tante Poe et de l’oncle Teanuaua, des amants, François, John, Michel, l’intelligence de chacun, le goût d’en sortir, la soif de justice, pas forcément celle des hommes. La question se pose d’ailleurs tout au long du roman au fond – qui survivra ou non et comment ? – avec cette petite phrase qui jalonne toute l’histoire et laisse entendre qu’un petit corps est retrouvé pendu. On se doute assez vite d’ailleurs qu’il s’agit de Pina, petite enfant noire aux cheveux crépus, délaissée. Pina, le pivot et le coeur du roman, plantée là comme une conscience ignorée, esseulée, bafouée. C’est un livre. Une fiction où tout le monde (Polynésiens comme Popa’ā, locaux comme métro, hommes d’affaires libidineux comme vahine oublieuse de sa dignité, croyant comme athée, anciens comme nouveaux colons) en prend pour son grade.
L’écriture simple et directe, très orale souvent, alourdit un peu plus la sentence. Un grand cri de rage trempé dans la sueur, le sang, le sperme et les larmes.
Soyons francs : entrer dans les pages vertigineuses d’un Tahiti qu’on ne dit pas ne laissera personne indemne. On aimera, on s’attachera. Ou… on détestera. C’est le risque pris par l’auteur. Un risque qu’elle assume avec insolence bien souvent. Et l’on est en droit de se demander pourquoi ? Quelle urgence ? … Sans doute il n’y a aucune urgence à étaler les chairs ouvertes.
Parfois pourtant, dans des moments salvateurs, mêler les odeurs, les couleurs, les sons si particuliers d’une terre aimée passionnément est le seul exutoire.
Pas d’urgence et sous le sable noir, la plage ?
Pas d’urgence, simplement le besoin de libérer (de nouveau) une autre parole.
Pays d'origine : | Polynésie française |
---|---|
Edition : | Seconde Édition |
Année de parution : | 2021 |
Nombre de pages : | 368 |
Type de couverture : | souple avec rabats |
Finition : | Relié cousu |
Poids | 500 g |
Dimensions | 130 × 25 × 210 mm |
PEU Titaua
Auteure à l’engagement éminemment politique, Titaua Peu donne à voir une société polynésienne réaliste, loin des clichés illusoires. Elle représente une des principales voix francophones de la littérature du Pacifique. Prenant le pas des « écrivains de l’ailleurs », c’est par sa voix tahitienne que s’expriment les réalités de son propre pays. Malgré son refus d’assimilation et son côté inclassable, elle s’impose pourtant définitivement comme auteure incontournable du paysage intellectuel et artistique polynésien.
Mutismes est son premier roman. Paru initialement en 2003, il fait d’elle la plus jeune auteure tahitienne à être publiée. Dès sa sortie, ce qu’elle décrit comme une « fiction », car « rien ne s’est passé et pourtant tout est vrai », fait scandale : ce texte est un véritable coup de poing contre l’establishment. Manifeste indépendantiste, il (re)donne voix aux oubliés des années fastes du Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP).
Avec Pina, son second roman, lauréat du prix Eugène Dabit en 2017, Titaua Peu réalise un tour de force volontairement déterminé, salué par la critique, qui scelle son combat littéraire tout autant que social.
Pina a été publié en version US en août 2022, par les éditions Restless Book, traduit par Jeffrey Zuckerman, après avoir été lauréat du concours French Voices – AWARD GRAND PRIZE IN FICTION 2019 aux États-Unis.
Presse
The Times Literary Supplement – 30/09/2022
The New York Times – 15/09/2022
France Inter « L’heure Bleue » – 07/06/2022
Europe 1 « La voix est livre » – 29/05/2022
« France Culture » – Soft Power avec Zoé Sfez (podcast)
« France O » et « Polynésie 1ère »
« Tano TV », interview de Titaua Peu par Titaua Porcher-Wiart, au salon du livre de Papeete – nov 2016
« Polynésie première » ITW de Lovaina Chapman
Tahiti Pacifique Magazine – août 2017
Prix
prix Eugène Dabit du roman populiste 2017
Lauréat du concours French Voices - AWARD GRAND PRIZE IN FICTION 2019 aux États-Unis.
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