Louis-José Barbançon voit le jour à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) en 1950. Descendant de familles issues des deux colonisations, la libre et la pénale, il grandit dans un milieu « de tradition gaulliste et chrétienne », précise-t-il. Son enfance est marquée par la disparition précoce de son père, en 1953, dans le naufrage de la Monique, au large de Maré, l’une des îles Loyauté de l’archipel calédonien. Sa mère, institutrice chez les soeurs de Cluny, se retrouve seule avec un petit garçon qu’elle décide d’inscrire à l’école à un âge où, à l’époque, les enfants n’y vont pas encore.
En 1968, baccalauréat en poche, il s’envole vers Aix-en-Provence où l’attendent des études d’histoire qui vont peser lourd dans sa vie d’homme. D’abord parce qu’elles le conduiront à explorer, avec le passé de sa terre natale, le versant secret de sa propre histoire familiale. Ensuite parce qu’elles vont le conduire à questionner son rapport à la Nouvelle-Calédonie, mais également les rapports entre celle-ci, le Pacifique qui l’entoure et sa lointaine métropole.
Il revient au pays au début des années soixante-dix, commence sa carrière d’enseignant, suit de près l’actualité politique en observateur, puis s’y engage en tant qu’acteur. En 1979, il devient secrétaire général de la Fédération pour une nouvelle société calédonienne (FNSC), mouvement autonomiste qui souhaite ouvrir la voie à un autre dialogue entre les deux principales communautés du pays, Kanak et Calédonienne d’origine européenne. Ainsi, entre 1982 et 1984, il participe au conseil de gouvernement dirigé par Jean-Marie Tjibaou.
Louis-José Barbançon ne cesse de s’inscrire dans une démarche d’historien. Il consacre notamment plusieurs décennies à d’importants travaux de recherche sur la colonisation pénale. Ceux-ci l’amènent à lever le voile sur l’ascendance pénale de nombreuses familles calédoniennes dont la sienne et à faire paraître Le Pays du non-dit en 1992, réédité en 2019, éditions Humanis, Prix Popaï 2019 du SILO. Il obtient son doctorat en septembre 2000 et publie en 2003, à partir de sa thèse, le principal ouvrage de référence écrit à ce jour sur le bagne de la Nouvelle-Calédonie : L’Archipel des forçats, préfacé par Michelle Perrot. Il est indiscutablement le spécialiste du bagne de la Nouvelle-Calédonie. En 2020, il publie le Mémorial du bagne calédonien. Entre les chaînes et la terre, récipiendaire de plusieurs prix (Grand Prix 2020 « Idées Les Influences » ; Prix Popaï 2020 du SILO, Trophée de la fabrication du livre 2020 – Livres Hebdo, prix Pavie 2021 de l’Académie des sciences d’Outre-mer).
En 2022, il revient sur son parcours dans un ouvrage intimiste sur l’histoire contemporaine de la Nouvelle-Calédonie, À la recherche du Nous : conversations avec Walles Kotra, véritable immersion dans le labyrinthe de la politique calédonienne.
Portrait de Louis-José Barbançon réalisé par Manuel Castejon.